Les experts et conseillers en tous genres ne répondent plus à la demande des personnes pour une élévation de l’âme. Leurs influences prospèrent dans l’agitation du quotidien. Les idéologies immédiates et leurs complexités se substituent à l’art de vivre traditionnel, prendre son temps, observer et rêver. Le rythme naturel, bienfaisant de l’être est sacrifié.
Nous partons loin chercher ce qui est déjà là. Ce qui est simple, à portée de main n’est plus valide. C’est la fuite en avant. Nous implorons des conseils prometteurs d’immédiatetés que l’on ne peut/veut contester, pour les revendre ailleurs avec une plus-value. La réflexion intérieure n’est plus un espace privé pertinent. L’approche existentielle est privée d’oxygène et suffoque.
La spiritualité s’efface au profit d’une recherche superficielle, non validée, motivée par la source d’un bien-être immédiat, à l’économie préfabriquée de la facilité. Nous assistons à l’importation des biens de l’être, une marchandise comme une autre.
La pénurie apparente d’hommes sages favorise la poussée d’imitateurs beaux parleurs/barbouilleurs. Il en résulte une demande d’assistance appauvrie, achetant des discours artificiels, récitatifs sous forme de texto de 80 caractères maximum. Des groupes attirant les esprits fragilisés proposent leurs imitations spirituelles adaptées à la demande du tout va très vite. Ils vivent dans la contradiction des imaginaires préfabriqués, dévitalisés, intolérants pouvant devenir sectaire.
La continuité vitale est ainsi effacée, brouillant l’enchaînement des causes et des effets. Nous devenons vulnérables, dépendants des mots d’ordre qui soufflent à jets continus leurs savoirs de surface. Nous voilà face à un ici et maintenant dévitalisé. « Trop vite/trop loin », lorsque le temps et l’espace s’accélèrent cimentés par le « trop », l’équilibre est rompu, le pire devient possible.
Le souffle puissant d’une vision élargie jusqu’aux confins de l’univers se retrouve, provisoirement, enveloppé dans le brouillard de l’actualité formatée.
Le « ici et maintenant » est une présence qui dans toute sa grandeur vient tutoyer les étoiles. Si c’est un renoncement, c’est celui de la prise de pouvoir sur les consciences. L’intelligence du cerveau n’est rien sans celle du cœur. La liberté de conscience est le phare d’une humanité provisoirement en perdition, qui rêve d’une perfection côtoyée dans un passé désormais lointain, qui se fait maintenant intensément attendre et qui va poindre le bout de son nez, comme toujours, car c’est son destin final. Tout n’est alors que péripéties douloureuses dans l’attente de la grande délivrance.
